Nature et bien-être
Texte de Stefan Dixon, pédagogue spécialisé en éducation environnementale.
La nature au centre de l'apprentissage éducatif.
En 2020, la santé, le développement physique, cognitif, le bien-être et la santé mentale des jeunes générations dépendent, en partie, des liens forts qu’ils tissent avec leur environnement naturel. Le bien-être ressenti lors du contact avec la nature, également connu sous le nom de biophilie, est un besoin fondamental et universel de l’être humain. Au même titre que l’eau, la nourriture, le sommeil et la socialisation, la biophilie accompagne le développement des êtres-humains. C’est pour cette raison que je considère l’enseignement hors de la salle de classe comme un atout au monde de l’éducation. Les élèves doivent sortir hors de la salle de classe pour explorer l’environnement naturel, un lieu d’apprentissages éducatifs qui favorise naturellement la différentiation.
Pour appuyer ces propos, citons Richard Louv, journaliste, auteur et fondateur de Children Nature Network. Il a écrit le best seller Last Child in the Woods: Saving Our Children From Nature-Deficit Disorder : le lien entre l’enfant et la nature et la connaissance de l’environnement doivent être considérés comme des éléments fondamentaux du développement cognitif des enfants, ainsi que de leur santé psychologique et physique.
Pratiques éducationnelles et environnementales
Les études récentes nous révèlent que l’être humain apprend mieux au sein de la nature, où nous avons évolué depuis des millions d’années. Toutefois, au cours des 3 dernières décennies, les jeunes générations ont vécu une séparation de la nature historique et sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Afin de palier à cette situation, l’ONU a placé la décennie 2005-2014, à titre de décennie de l’éducation au développement durable. Le mandat défini pour cette décennie, consistait à apporter des changements aux pratiques éducationnelles, pour bien préparer les citoyens à (…) relever les défis économiques, sociaux et environnementaux croissants (…), UNESCO 2002.
Pour répondre à cette réalité énoncée par l’ONU, notre but ultime est de voir les enfants de tous les âges scolaires sortir de la salle de classe de manière quotidienne. Ils pourront ainsi apprendre plusieurs contenus du curriculum de l’Ontario et d'ailleurs. Ceci en se préparant à identifier, comprendre et mettre en place des projets environnementaux porteurs de changements positifs pour leur école, leur communauté et l’environnement.
Les impacts positifs de l’apprentissage en pleine nature
La recherche démontre que les élèves ayant des besoins particuliers, qu’ils soient diagnostiqués avec le spectre de l'autisme, Le syndrome d'Asperger, la trisomique, ou qu’ils vivent avec des troubles d’ordre comportemental, d’anxiété, ou de déficience intellectuelle légère, etc., voient leur taux de succès nettement augmenter quand ils ont la chance d’apprendre au sein de la nature.
Selon Richard Louv, de nombreuses publications internationales justifient l’impact positif de l’apprentissage en pleine nature. Citons à titre d’exemple une nouvelle d’Andrea Faber Taylor et Francis Kuo montrant que les enfants atteints de TDAH se concentrent mieux après une promenade dans un parc. Une étude britannique a montré que la vie à proximité de parcs et de forêts améliorait la santé, (…); et des chercheurs de l’École de médecine de l’Université d’Indiana (Purdue University) et de l’Université de Washington ont indiqué que les quartiers plus verts étaient associés à une augmentation plus lente de la masse corporelle des enfants (…).
Donner la chance aux élèves de jouir d’une éducation en plein air est, selon les recherches les plus récentes, un but à atteindre. Grâce aux classes en plein air, c’est à travers l’émerveillement et le plaisir que l’apprentissage sera plus solidement retenu par le cerveau de l’enfant.
Comment les écoles peuvent former des citoyens respectueux de l’environnement ?
Pour appuyer cette orientation, citons le Groupe en éducation environnementale, mené par le Dr. Dennis Thiessen et qui a rédigé en 2007 l’ouvrage, Shaping Our Schools, Shaping Our Future, commandé par le Ministère de l’éducation de l’Ontario. Selon la définition du ministère, quant à la vision de l’éducation environnementale en Ontario, les experts énoncent les propos suivants :
Le système d’éducation de l’Ontario préparera les élèves avec les connaissances, les compétences, (…) dont ils ont besoin pour devenir des citoyens respectueux de l’environnement. Les étudiants comprendront nos liens fondamentaux (…) grâce à notre relation avec la nourriture, l'eau, l'énergie, l'air, la terre et notre interaction avec tous les êtres vivants. Le système éducatif offrira des opportunités en classe et dans la communauté, pour que les étudiants s'engagent dans des actions (…).
Cette idée est soutenue par 25 années d'expérience. Depuis 1995, M. Dixon travaille en salle de classe et en plein air avec ses élèves, et ce, avec des élèves de tous les âges, de la maternelle jusqu'en université, la majorité de son expérience étant avec les élèves de la maternelle à la 8è année. Peu importe l'âge, ses observations demeurent les mêmes au fil des années: Les élèves apprennent mieux quand le contexte d'apprentissage est en plein air, et de préférence dans un milieu naturel, avec les multiples stimuli de la biodiversité. Les élèves brillent quand ils apprennent dehors, dans tous les domaines, que ce soient les mathématiques ou les arts, les sciences ou la communication orale et écrite. Leur créativité, leur résilience et leur capacité de résoudre des problèmes complexes se voient multiplier. Ils collaborent mieux. Les défis de gestion de classe, très communs entre quatre murs, sont presque inexistants. La qualité et la complexité du travail est incomparable. Et depuis 25 ans, ses élèves retournent voir M. Dixon afin de lui dire que leurs années d'apprentissage dehors avec lui ont été les plus productives et éducatives de tout leur parcours scolaire.